Plan de filière à 5 ans : garantir des Œufs français en phase avec la demande du marché


Le plan de filière des œufs français : prolongement du Contrat Sociétal d’Avenir

En octobre 2016, l’interprofession française des œufs s’engageait dans un gigantesque chantier. Elle présentait son « Contrat Sociétal d’Avenir » et annonçait son intention d’adapter les modes d’élevage aux attentes sociétales, en se fixant notamment pour objectif d’atteindre 50% de poules pondeuses en élevages alternatifs à la cage aménagée d’ici 2022 en préservant le potentiel de production de la filière. Une initiative approuvée par 95% des Français[1].

Aujourd’hui, le CNPO reprend cet objectif ambitieux dans son Plan de filière, articulé autour de 4 grands axes et de 14 objectifs à 5 ans.

Plan de filière : le résultat d’un travail de concertation

Le CNPO a élaboré son plan de filière en étroite collaboration avec l’ensemble des acteurs économiques concernés.  Ainsi, le travail a été mené avec les représentants de la distribution, de la restauration hors domicile, du commerce de gros et des industries alimentaires. Un ingénieur du CGAAER (Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux) ainsi que les médiateurs des relations commerciales agricoles du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation ont été associés à la démarche dans un objectif de suivi des travaux. Des points réguliers avec le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Stéphane Travert, et son cabinet ont permis de soumettre à la réflexion l’ensemble des thématiques qui pourraient toucher la filière française des œufs.

Un plan de filière développé autour de 4 axes stratégiques

Le plan de filière des œufs français est articulé autour de 4 axes définis afin de :

  • Répondre aux demandes des consommateurs et de la société tout en maintenant la souveraineté alimentaire de la France et sa compétitivité
  • Renforcer les relations tout au long de la filière : de l’amont jusqu’au consommateur final
  • Développer la recherche et les innovations au service de la filière des œufs et poursuivre la conquête des marchés
  • Améliorer les connaissances sur la production et la consommation d’œufs et d’ovoproduits

Axe 1 – Répondre aux demandes des consommateurs  et de la société tout en maintenant la souveraineté alimentaire de la France et sa compétitivité

La demande en œufs de poules élevées en systèmes alternatifs est en forte progression. Cette augmentation de la demande touche les achats des ménages mais également, et depuis peu, les ovoproduits avec une accélération depuis 2011.

Pour répondre à la directive européenne « bien-être » applicable au 1er janvier 2012, de lourds investissements ont été réalisés, limitant aujourd’hui les capacités de transformation des élevages vers des productions alternatives.

Les 5 prochaines années constituent un enjeu crucial pour la filière et c’est au cours de cette période qu’il convient d’assurer la transition d’une partie de la production, en fixant 4 objectifs :

Objectif 1 – assurer l’autosuffisance du marché intérieur en répondant aux demandes des différents débouchés

Au moins 1 poule pondeuse sur 2 en élevage alternatif d’ici 2022

Pour répondre à cet objectif, la filière s’engage notamment à dépasser 50% de la production en systèmes alternatifs à la cage à horizon 2022, en maintenant son potentiel actuel de production.

Cet objectif nécessite l’arrêt de production de près de 9 millions de poules élevées actuellement en cages et des investissements pour la mise en place de 9 millions de poules en systèmes « alternatifs ».

L’atteinte de cet objectif ambitieux à capacités de production constantes devrait nécessiter au moins 277 millions d’euros d’investissements, hors coût du foncier.

+50% de poules bio et +20% de Label Rouge d’ici 2022

À horizon 2022, les filières sous signes officiels de qualité ont également leurs propres objectifs :

  • Augmentation de 50% du nombre de poules pondeuses BIO, en lien avec le développement des grandes cultures (objectif 3,5 millions à 5,2 millions de poules pondeuses BIO)
  • Hausse de 20% du nombre de poules pondeuses Label Rouge (objectif 2,5 millions à 3 millions de poules pondeuses Label Rouge)

Une contractualisation responsable pour accompagner la transition

Les professionnels de la filière et les représentants de la restauration hors domicile, de la distribution et des industries alimentaires s’engagent, dans le cadre d’une « contractualisation responsable » à accompagner financièrement la transition des élevages en cages vers d’autres modes de production, afin de répondre à la demande des marchés, des consommateurs et de la société.


 

Les Français conscients des besoins de temps et de financements nécessaires aux éleveurs pour s’adapter 

Conscients des difficultés liées à la transition des élevages en cages aménagées vers les élevages alternatifs, 79% des Français estiment nécessaire pour les éleveurs de demander un délai aux enseignes de la grande distribution afin de s’adapter. 79 % des Français trouvent également normal que les éleveurs demandent une aide financière aux distributeurs pour réaliser les investissements nécessaires à cette transition.

Les Français prêts à payer davantage pour les œufs alternatifs

Pour soutenir la production d’œufs issus de poules en élevages alternatifs, impliquant des coûts de production plus élevés que la production en cages aménagées, 85% des Français se disent prêtes à payer plus cher leurs œufs alternatifs.


 

Objectif  2 – Poursuivre les améliorations engagées en faveur du bien-être animal

Le bien-être animal est une demande forte de la part des consommateurs et des citoyens ; les éleveurs en sont les premiers garants. L’évolution des modes d’élevage au cours des années passées est le signe d’une filière en action et en progrès. Dans l’objectif de poursuivre cette démarche, les professionnels se mobilisent pour définir des indicateurs de bien-être animal, déployer une méthode d’évaluation du bien-être animal appliquée aux poules pondeuses, soutenir les recherches sur les techniques alternatives à l’épointage, etc.

Objectif 3 – Améliorer la segmentation des produits de la filière, renforcer la traçabilité et maintenir la crédibilité des filières Label Rouge et biologique

96% des Français consomment des œufs et les consommateurs sont attachés à l’indication de leur origine ; l’origine France demeurant un critère décisif d’achat pour les Français. 89% des Français déclarent d’ailleurs être favorables à la commercialisation unique d’œufs d’origine française. Pour plus de 9 Français sur 10, l’œuf français est avant tout perçu comme un gage de contribution et de préservation du savoir-faire français. (Source : CNPO/CSA 2017)

Sécurisation de l’origine France avec le nouveau label « Œufs de France »

Afin de répondre aux demandes des consommateurs et sécuriser l’origine française des produits, le CNPO s’engage à mettre en place le cahier des charges du logo « Œufs de France » et à lancer la démarche au cours de l’année 2018 pour la vente d’œufs coquille aux consommateurs et à travailler dès à présent à la mise en place d’un cahier des charges pour l’apposition du logo « Œufs de France » sur les produits transformés à base d’œufs ou d’ovoproduits. De plus, le CNPO demande aux industries alimentaires et à la distribution d’apposer le logo « Œufs de France » sur les produits vendus sous leurs marques.

De signes officiels de qualités à préserver

Label Rouge, IGP et BIO sont des signes officiels de qualité et d’origine. Par conséquent, toutes les étapes de production de ces volailles respectent des cahiers des charges stricts et sont contrôlées par des organismes certificateurs indépendants.

Dans l’objectif d’améliorer la segmentation des produits et de faciliter le développement de la filière ; les professionnels de la filière des œufs s’engagent à permettre l’emballage d’œufs Label Rouge dans les centres d’emballage généralistes agréés officiellement en assurant des conditions renforcées de traçabilité. Ils s’engagent également à travailler à une meilleure segmentation, notamment en développant un cahier des charges pour des ovoproduits Label Rouge.

Objectif 4 – Maintenir et renforcer les exigences sanitaires dans la filière

Le CNPO s’engage à finaliser et déployer largement le guide de bonnes pratiques pour les interventions du personnel et des intervenants extérieurs en unités de production de palmipèdes à foie gras, volailles de chair et de ponte. Il s’engage également à promouvoir les normes de biosécurité au sein de la filière, à poursuivre la réduction de l’utilisation des antibiotiques, etc.

Par ailleurs, afin de répondre aux fortes attentes des consommateurs vis-à-vis de l’alimentation des animaux d’élevages, le CNPO tient à maintenir les garanties de sécurité sanitaire exemplaires permettant d’utiliser des matières premières sûres, tracées et durables. Pour aller plus loin, le CNPO s’engage à promouvoir la certification Oqualim et à déployer la démarche Duralim auprès des opérateurs de la filière.

Axe 2 – Améliorer les relations tout au long de la filière, de l’amont jusqu’au consommateur final

Le CNPO a été reconnu par les pouvoirs publics en 1996. Il s’est structuré autour de l’amont de la filière et constitue ce qui est communément défini comme une « interprofession courte ». En cela, il constitue un cadre dans lequel les acteurs économiques de la filière peuvent échanger dans le but de dégager des consensus.

Objectif 5 – Élargissement du CNPO à l’aval de la filière

À l’heure où il est demandé de fortes évolutions à la filière des œufs, le dialogue et des rapports plus étroits avec ses clients sont indispensables. Pour ce faire, le CNPO s’engage à définir avec l’aval de la filière les conditions d’élargissement de l’interprofession française des œufs et s’engage à réfléchir aux conditions permettant d’associer les citoyens aux travaux interprofessionnels.

Objectif 6 – Engager un nouveau travail sur la contractualisation

Sur les trente dernières années, et notamment par rapport à la crise historique des années 1982-1984, l’organisation de la filière a été profondément modifiée avec un développement de la contractualisation entre producteurs et organisations de production. La contractualisation au niveau de l’« amont » de la filière est déjà très développée. En effet, au moins 70% des éleveurs ont déjà des contrats (60% en contrats de production et 10% en contrats d’intégration) et, dans le cadre des fermes de ponte, des contrats peuvent également être mis en place avec des éleveurs.[2]

D’une part, concernant les contrats entre metteur en marché et client, l’objectif à court terme est d’avoir une vision plus claire des contrats existants. D’autre part, il sera important de développer la contractualisation pluriannuelle.

Il s’agira également de prolonger le chaînage des contrats jusqu’à l’aval de la filière, de prendre en compte des variations excessives des prix de l’alimentation animale dans les négociations commerciales, etc.

Axe 3 – Développer la recherche et les innovations au service de la filière des œufs et poursuivre la conquête des marchés

La valorisation des coproduits, la réduction de l’utilisation des intrants chimiques en élevages sont autant de sujets qui nécessitent des innovations en continu afin de faire progresser la filière. C’est pourquoi le CNPO travaille en étroite collaboration avec l’Institut technique de l’aviculture (Itavi) qui contribue au progrès de la filière en développant les connaissances scientifiques et techniques et en participant à l’évolution des pratiques professionnelles des acteurs de la filière.

Objectif 7 – Développer des travaux de recherche pour améliorer les performances de la filière

Le CNPO s’engage notamment à poursuivre ses partenariats en faveur du développement de recherches visant à renforcer les performances de la filière comme la lutte biologique contre les nuisibles ou encore le pilotage énergétique en temps réel des élevages.

Objectif 8 – Développer de nouveaux débouchés valorisants pour la filière

La filière a l’ambition de se développer vers de nouveaux marchés à l’exportation, d’accélérer la recherche fondamentale sur les œufs et les ovoproduits pour répondre à des plus grandes exigences des consommateurs, d’améliorer la conservation des produits et de favoriser l’innovation dans la filière, de davantage valoriser les poules de réforme sur le marché français, etc.

Objectif 9 – Renforcer les aides pour la mise en place de travaux de recherches appliquées

Au vu des besoins fortement exprimés en matière de qualité des produits, de bien-être animal, de réduction des intrants chimiques, etc., il est nécessaire de renforcer l’aide Casdar (Compte d’Affectation Spéciale pour le Développement Agricole et Rural) pour les Instituts techniques agricoles.

Objectif 10 – Renforcer l’innovation pour améliorer la sélection des animaux de la filière

La filière doit développer et mettre au point de nouveaux outils et des méthodes de sélection.

 

Axe 4 – Améliorer les connaissances sur la production et la consommation d’œufs et d’ovoproduits

A l’heure où les évolutions demandées à la filière sur les modes d’élevage sont très fortes, il est nécessaire qu’elle ait à sa disposition des données fiables dans un souci de pilotage (prévisions de production, développement des différents modes d’élevage, etc.), d’anticipation et d’amélioration continue de la traçabilité.

Objectif 11 – Développer un outil professionnel pour optimiser le pilotage, la gestion sanitaire et la traçabilité

Le CNPO demande au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation de rendre obligatoire l’utilisation de la Base de données avicole pour les déclarations de mises en place et de mouvements des animaux dans la filière des œufs via l’extension d’un accord interprofessionnel et d’œuvrer pour la dématérialisation des déclarations dans la filière des œufs. Par ailleurs, le CNPO s’engage à mettre en place un groupe technique pour déployer l’utilisation de la Base de données avicole à l’ensemble des éleveurs de poulettes et de poules pondeuses.

Objectif 12 – Affiner les connaissances sur la consommation des œufs et sur les échanges avec les autres pays

Le CNPO demande au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation de mettre en place un observatoire de la production et de la consommation d’œufs dans le cadre de FranceAgriMer. Cet observatoire devra intégrer l’ensemble des formes de consommation (achats des ménages, industrie, restauration, etc.). Les professionnels de la filière lui demandent également de mettre en place, dans le cadre de FranceAgriMer, un observatoire des importations et exportations d’œufs et ovoproduits en fonction des modes d’élevage des poules pondeuses.

[1] Source : enquête CNPO/CSA 2019

[2] Itavi 2014

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